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Dominance, mythe ou réalité
de Barry Eaton

Les éditions du Génie Canin (2010)

J’avais un a priori très favorable sur ce livre. Le principe d’une dominance très rigide entre les individus et le fait qu’on nous bassine avec le chien qui ne souhaite qu’une chose : prendre la place du chef (c’est-à-dire l’humain) ne correspondait absolument pas à ce qu’on pouvait voir quotidiennement. Barry Eaton s’engage à démonter toutes les affirmations que l’on peut entendre sur la théorie de la dominance : le chien est un loup, les lois de la meute, la rétrogradation hiérarchique, etc. Et c’est louable de le faire tant on peut entendre d’âneries là-dessus. Ce livre a le mérite de poser de bonnes questions et pourra faire réfléchir les pratiquants de certaines méthodes d’éducation qui justifient la plupart des comportements du chien par la dominance. Quand j’entends lors des promenades ou des cours d’éducation « mon chien ne veut pas m'obéir, c’est un dominant » ou bien « mon chien est un dominant : il n'aime pas les autres chiens » c’est sûr qu’on se rend compte que le terme est mis à toutes les sauces et sert de fourre-tout à l’ignorance du comportement du chien.

Pourtant il y a des choses qui me chiffonnent dans cet ouvrage. L’auteur semble avoir privilégié certains aspects qui l’arrangent. Il a une grande expérience du monde canin mais qu’en est-il du sujet du loup ? On sait bien que le loup et le chien sont deux espèces différentes. Est-ce que pour autant ils n’ont rien en commun ? Ensuite tout est une question de terme. Qu’est-ce qu’on entend par « dominance » ? S’imposer de force ou constater une relation entre individus ? De plus, l’utilisation de citations tirées de nombreux ouvrages pour tenter d’étayer la thèse de l’auteur donne l’impression de monter un édifice sur de minces fondations et je trouve que ça nuit au sujet. Sur les actes nous sommes d’accord, mettre un chien sur le dos et lui crier dessus pour qu’il comprenne qui est le chef ne sert à rien (à part vous faire passer pour un psychopathe aux yeux de votre chien). Manger avant lui pour qu’il sache « où est sa place dans la hiérarchie » n’a pas lieu d’être, etc., etc.

Cette citation de Mech (spécialiste des loups) pourrait résumer le livre à elle seule : « Appeler un loup un alpha est aussi inadéquat que de désigner un chevreuil ou un parent humain comme alpha. N’importe quel parent est dominant vis-à-vis de sa jeune progéniture, donc le terme alpha n’apporte aucune information… Le problème ici n’est pas tant la terminologie que ce qu’elle implique faussement, une hiérarchie de domination rigide et fondée sur la force. » En gros, il existe des termes qui reflètent une certaine réalité mais l’utilisation que certains en font est erronée.

Vous pensez que si votre chien monte sur le canapé, c’est qu’il souhaite être le chef à la maison ? Qu’il manque clairement de soumission lorsqu’il franchit le seuil de la porte avant vous ? Vous avez vraiment besoin de ce livre !

juillet 2011