[ Plan du site ] Vous êtes ici --- > Rue du Sharpei > Monde canin > Juger le shar-pei (Grace Fritz)




Juger le shar-pei

par Grace Fritz

Cet article sur le jugement des shar-pei en exposition, écrit par Grace Fritz, est paru dans le magazine Showsights de juillet 2012.
(Avertissement : le standard de l'AKC présente de légères différences avec celui de la FCI).

En exposition, dans la plupart des classes, le shar-pei est généralement présenté par son propriétaire. C'est une race qui nécessite une bonne socialisation dès le plus jeune âge. Les juges exerçant depuis longtemps ont remarqué que le caractère des shar-pei présentés s'était énormément amélioré au fil des ans. Il existe certaines pratiques que le juge peut choisir de mettre en place lors de ses jugements qui l'aideront à atténuer quelques difficultés. Elles seront exposées dans les commentaires.

Concernant la taille, le standard spécifie 18 pouces (46 cm) à 20 pouces (51 cm) au garrot et un poids de 45 livres (20kg) à 60 livres (27kg) pour un adulte. Les mâles sont davantage inscriptibles dans un carré que les femelles, mais les deux doivent apparaître compacts et équilibrés. La mesure du sol au garrot doit être approximativement égale à la mesure du poitrail à la pointe de la fesse.

Entrée sur le ring :
Si l'emploi du temps le permet, il peut être bénéfique que le groupe entier fasse le tour du ring, avant que les exposants ne placent leur chien. Les chiots et/ou jeunes chiens et leurs propriétaires ont l'occasion de se relaxer et le juge peut se faire une idée de l'allure de profil, de l'équilibre et de la substance. Une fois que la classe est alignée et en statique, le juge peut évaluer la silhouette. Pendant son évaluation, plusieurs caractéristiques clés de la race doivent apparaître.

Aspect général :
Un chien alerte et compact, de taille et de corpulence moyennes, inscriptible dans un carré, au rein court, la tête est bien proportionnée, plutôt grande par rapport au corps. Le poil court et dur, la peau lâche sur la tête et le corps, les petites oreilles, le museau « hippopotame » et la queue attachée haut donnent au shar-pei un look unique et particulier. La peau lâche et les plis au niveau de la tête, du cou et du corps sont surabondants chez les chiots mais ces caractéristiques doivent se limiter à la tête, au cou et au garrot chez l'adulte.

A ce moment-là, le juge doit évaluer si le chien est approximativement carré, si la tête est plutôt large par rapport au corps et comporte un museau épais, si la queue est attachée haut et si les plis attendus sont présents. Une autre caractéristique importante qui peut être évaluée à ce moment-là est la ligne de dos. Elle plonge légèrement derrière le garrot pour se relever légèrement sur le rein. La ligne de dos légèrement montante et la queue portée haut constituent le profil unique du shar-pei.

Examen individuel :
Aux Etats-Unis, cette race peut être examinée sur une table, l'accès se faisant par une rampe. Beaucoup d'exposants aiment cette option et estiment que la hauteur avantage la présentation générale du chien et facilite sa bonne volonté pour l'examen. Si le juge n'a encore jamais utilisé la table pour juger les shar-pei, il devrait l'essayer pour se faire sa propre idée sur ses avantages. Il est important d'approcher un shar-pei de face et ne jamais « fondre » sur le chien. Les plis de la face limitent son champ de vision à ce qui se trouve devant lui et empêchent une bonne vision périphérique et du dessus. Pour évaluer la tête, le mieux sera d'aborder le chien par dessous le museau.

La tête de shar-pei idéale doit présenter des plis sur le front qui se prolongent sur les côtés et encadrent la face. Les yeux sont foncés, en forme d'amande et enfoncés, donnant un air renfrogné. Tout examen des yeux doit se faire par une inspection visuelle car le chien fermera l'oeil si on le tâte. Les shar-pei sont en harmonie avec leur propriétaire et peuvent rester indifférents aux tentatives d'un juge qui essaie d'attirer leur attention afin d'obtenir une expression.

Les oreilles doivent former de petits triangles équilatéraux, attachées haut, larges et en avant de la tête. Elles peuvent être ourlées ou pointues à l'extrémité. Le stop est modéré et la longueur du crâne est égale à celle du museau. La truffe doit être bien pigmentée, de préférence noire, généralement correspondant à la couleur de la robe du chien. Comme dans d'autres races, le shar-pei de couleur crème aura généralement une pigmentation plus claire de la truffe. Les chiens de couleur diluée présenteront une truffe unie ou lavande.

Il peut être difficile pour un juge d'évaluer la dentition et la langue chez le shar-pei. Le renflement du museau se traduit parfois par des lèvres épaisses (ce n'est pas le cas pour tous les chiens et pour beaucoup il est facile d'accéder rapidement et facilement à la dentition). La race doit présenter une dentition en ciseaux, toute déviation constituant un défaut grave. Il n'est pas précisé que la dentition doit être complète. Parfois l'épaisseur des lèvres complique la tâche aux exposants lorsqu'il s'agit de montrer correctement la dentition. D'après mon expérience, le juge devra demander plus d'une fois à l'exposant de montrer la dentition, soit à cause de l'épaisseur des lèvres du chien, soit à cause des doigts de l'exposant qui font obstruction. Une autre caractéristique de la race est la pigmentation de la langue.

La langue, le palais, les gencives et les babines sont de préférence d'un noir bleuâtre dans toutes les robes de couleur, sauf chez les chiens ayant une robe de couleur diluée où la pigmentation sera de couleur lavande. Une langue tachetée constitue un défaut grave. Une langue entièrement rose est éliminatoire. A savoir que la couleur de la langue peut s'éclaircir à cause du stress thermique. Attention à ne pas confondre une pigmentation diluée avec une langue rose.

Ce qui précède peut sembler déroutant, mais cela signifie simplement que la langue d'un shar-pei va s'éclaircir quand il halète car la langue "s'étire". En pratique, un juge demande à l'exposant de « montrer la dentition et la langue » et l'exposant montre les dents de devant avec l'occlusion dentaire, puis ouvre la gueule du chien pour permettre de voir la surface de la langue, les gencives et les babines.

Le cou est de longueur moyenne, épais et bien greffé sur les épaules. Le dos court et la ligne de dos légèrement montante ont été évoqués plus haut. La poitrine doit être profonde et descendre jusqu'aux coudes avec la ligne du dessous qui remonte légèrement vers le flanc. La queue est attachée très haut, trait caractéristique de la race. Elle est épaisse et ronde à sa racine et s'amenuise en pointe fine en s'incurvant sur le dos ou sur un des deux côtés du dos. La base de la queue est attachée haut sur une croupe plate qui expose clairement un anus incliné. L'absence de queue ou une queue écourtée est éliminatoire. (Remarque: les queues écourtées constituaient un problème au début de l'histoire de la race, mais on en voit désormais très rarement, voire jamais.) Le juge doit vérifier que les membres antérieurs sont musclés, bien attachés et obliques, les pattes doivent être droites et les pieds compacts. L'ossature est décrite comme substantielle, mais elle ne doit pas être lourde. Les membres postérieurs sont décrits comme musclés, solides et modérément angulés avec les jarrets courts et les pieds compacts.

Le poil extrêmement dur est l'un des traits distinctifs de la race. Le poil est droit et écarté sur le corps, mais plutôt couché sur les membres. Le poil doit être sain, sans être brillant ou lustré. La longueur de poils acceptée peut varier du très court "horsecoat" au "brushcoat" sans dépasser un pouce (2,5cm) au garrot. Un poil doux, ondulé, plus long que 2,5cm au garrot ou bien toiletté constitue un défaut grave. Le shar-pei se montre dans son état naturel. Tout examen d'un shar-pei doit comprendre une évaluation de la texture du pelage. Souvent, la dernière partie de l'examen individuel par le juge va consister à poser sa main à rebrousse poil à partir du milieu du dos jusqu'aux épaules. Le juge doit noter si la texture du pelage est dure, et si le poil est de longueur appropriée, droit et hérissé. La race tire son nom de ce poil extrêmement dur (traduit en gros par "papier de verre"), ce qui constitue sans aucun doute une caractéristique importante de la race.

Toutes les couleurs unies et sable (charbonnée) sont acceptées et jugées à égalité. Les sujets de couleur unie présenteront une variation de couleur plus sombre, principalement le long du dos. Sont disqualifiés les chiens présentant une couleur non unie (albinos, bringeures, plages de couleur, taches, chiens noir et feu, marque en forme de selle).

Il est important, pour une race qui a des origines de chien de ferme à tout faire, d'avoir un mouvement correct. La race doit être jugée au trot et montrer un mouvement dégagé et équilibré. Les pieds ont tendance à converger vers l'axe central quand la vitesse augmente, alliant une bonne extension des antérieurs et une forte poussée des postérieurs.

Par son tempérament, le shar-pei est royal, alerte, intelligent, digne, solennel, renfrogné, sérieux, snob et indépendant, quelque peu distant avec les inconnus mais totalement dévoué à sa famille. Il doit se présenter avec calme et confiance. C'est une race quelque peu imposante, avec son air distant et renfrogné.

Les défauts majeurs mentionnés dans le standard comprennent : un articulé autre qu'en ciseaux, une langue tachetée, un poil doux, un poil ondulé, un poil d'une longueur dépassant 2,5cm au garrot, ou un poil qui a été toiletté.

Les défauts éliminatoires comprennent : les oreilles dressées, la langue rose, anourie ou moignon de queue, couleur non unie (albinos, bringeures, plages de couleur, taches, chiens noir et feu, marque en forme de selle).

Bio
Grace Fritz est propriétaire de shar-pei et membre du CSPCA depuis 1985. Elle a été présidente du CSPCA et est actuellement un membre actif de la commission du club concernant l'instruction des juges. Elle est juge du groupe des races « non-sporting » de l'AKC. Elle vit à Stillwel au Kansas avec ses shar-pei.


Traduction libre de Carole Martoglio.

Voir aussi : Le standard illustré
Septembre 2012